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France: Une réforme des retraites fortement contestée arrive à l'Assemblée
information fournie par Reuters 06/02/2023 à 17:28

Une vue générale de l'hémicycle, à l'Assemblée nationale à Paris

Une vue générale de l'hémicycle, à l'Assemblée nationale à Paris

par Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) - La très controversée réforme des retraites voulue par le gouvernement d'Elisabeth Borne, attaquée par l'opposition comme dans la rue, est discutée à partir de ce lundi après-midi dans l'hémicycle à l'Assemblée nationale, à la veille d'une nouvelle journée de mobilisation.

Programmés pour deux semaines, les débats s'annoncent houleux sur un texte déjà revu par l'exécutif dans le but d'amadouer les députés Les Républicains (LR), dont l'appui est indispensable, le camp présidentiel ne disposant pas de la majorité absolue.

Le projet de loi prévoit de faire passer de 62 à 64 ans l'âge légal de départ à la retraite d'ici à 2030, un report rejeté par une nette majorité de Français, selon les enquêtes d'opinion.

Le texte est défendu par le ministre du Travail Olivier Dussopt, fragilisé par une enquête du Parquet national financier sur des soupçons de "favoritisme" dans l'attribution d'un marché public en 2017, en sa qualité de maire d'Annonay (Ardèche).

A la tribune, le ministre a défendu "une réforme d'équité et de progrès".

"Je sais que cette réforme est difficile, je sais aussi que faire cette réforme c'est avoir le courage nécessaire que d'autres n'ont pas eu", a-t-il dit.

"Notre système est structurellement déficitaire", a aussi déclaré Olivier Dussopt sous les cris d'une opposition rappelée à l'ordre par la présidente de l'Assemblée nationale. "On n'est pas dans une manif, on est dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale !", a dit Yaël Braun-Pivet.

Succédant à Olivier Dussopt à la tribune, Gabriel Attal, ministre délégué chargé des Comptes publics, a pour sa part affirmé qu'"en matière de retraites, c'est une réforme ou la faillite".

Avant même d'étudier l'article premier du projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale relatif à la suppression des "régimes spéciaux" de retraite, les députés doivent examiner une motion de rejet préalable du texte déposée par la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) ainsi qu'une motion référendaire du Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen, qui combat la réforme.

L'issue des débats sur cette réforme cruciale du second quinquennat d'Emmanuel Macron est donc incertaine, alors que 20.400 amendements ont été déposés sur le texte. Environ 1.100 émanent de LR, 400 de Renaissance et 18.000 de la Nupes.

PERTURBATIONS MARDI À LA SNCF ET LA RATP

Face à la contestation qui dure depuis des semaines, Elisabeth Borne a fait dimanche une concession : l'extension du dispositif de carrières longues permettant à quelque 30.000 personnes ayant commencé à travailler entre 20 et 21 ans de partir à la retraite à 63 ans et non 64. Coût de la mesure selon la Première ministre : "entre 600 millions et un milliard d'euros par an".

Ce nouveau geste en direction de LR ne garantit pas pour autant le soutien du groupe d'une soixantaine d'élus, divisé entre les partisans du texte, ceux qui réclament de nouvelles concessions et ceux qui entendent voter contre par principe. Le député Aurélien Pradié, candidat à la présidence de LR récemment remportée par Eric Ciotti, se montre particulièrement virulent.

Au sein de la gauche, vent debout contre le texte, le député La France insoumise (LFI) François Ruffin prédit dans Libération soit "une révolte", soit "un dégoût durable" de l'opinion française envers la politique.

L'absence de contribution des classes aisées est pointée du doigt, comme l'a rappelé l'ancien président François Hollande.

"Il n'y a pas d'acceptation de réforme s'il n'y a pas de contribution demandée aux hauts patrimoines", a dit l'ancien dirigeant socialiste sur BFM TV. "Dans toutes les réformes des retraites (précédentes), même celle de Nicolas Sarkozy, il y avait une contribution des hauts revenus. Là, rien."

Dans la rue, la mobilisation continue. Après les 19 et 31 janvier, une troisième journée de grève et de manifestations est prévue mardi, à l'appel de huit syndicats de travailleurs et cinq organisations de jeunesse.

Le trafic sera "fortement perturbé" à la SNCF avec un train sur deux en moyenne pour les TGV Inoui et Ouigo et trois TER sur 10. Des perturbations sont attendues aussi à la RATP, avec un trafic irrégulier dans le métro et un RER B sur deux, notamment.

Dans les airs, la direction générale de l'Aviation civile (DGAC) a recommandé aux compagnies d'annuler préventivement un vol sur cinq à l'aéroport parisien d'Orly en raison d'une grève de contrôleurs aériens.

Une autre journée de contestation est prévue samedi. Les syndicats de la SNCF n'appellent pas à cesser le travail ce jour-là, journée de départ en vacances pour une partie des Français. Ils encouragent toutefois les cheminots à manifester.

(Reportage Elizabeth Pineau, avec la contribtion de Blandine Hénault et Tangi Salaün)

2 commentaires

  • 06 février 18:08

    vazi - Les syndicats en France ne comprennent pas que la concertation rapporte beaucoup plus que la confrontation. C'est là tout le problème.


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